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myfrenchway

posté le 14-05-2008 à 21:48:22

Delit de maternite

Il n’y a qu’en France que j’ai rencontre des femmes qui commencent ou coupent des phrases par  “mais je ne suis pas féministe”. Il n’y a qu’en France que j’ai rencontré des femmes qui insistent qu’on ne les méprenne pas pour des féministes. A quoi ca ressemble une féministe française pour que la majorité des femmes souhaitent s’en distinguer ? Pourtant, toutes mes amies sont absolument d’accord sur les objectifs, les idées, les combats dudit isme en question. Mais quand il s’agit d’utiliser le mot lui-même, elles rechignent.  Alors voici une petite histoire, mesdames, qui, j’espère, vous rappellera que même si on est en 2008, certains, certaines vivent encore en 1622.                  Voici l’annonce: « Cherche traductrice pour accompagner scénariste à Hollywood , etc…Sans enfants ni compagnon, etc… » Bon, au moins ça a le mérite d’être clair.  J’appelle, sinon pour trouver un emploi, au moins pour m’amuser.. Il s’agit de passer trois semaines avec Monsieur dans un hôtel californien en toute disponibilité, pour quand les producteurs téléphoneront… Comme, selon lui, cela ressemble plus à des vacances qu’a un emploi, la rémunération est faible. Passer trois semaines avec un inconnu de 60 balais, lui faire la conversation et être disponible à n’importe quelle heure du jour et de la nuit, des vacances ?  C’est marrant,  c’est pas ma définition…. Mettons nous dans ses pantoufles : passer 3 semaines avec une jeune femme bilingue sans enfants ni compagnon, effectivement, ça commence à ressembler à quelque chose.... Au bout de quelques minutes, Monsieur se rend compte que je satisfais non seulement toutes les exigences, mais bien au-delà. A la fin, je lui dis que j’ai un enfant de 6 mois, qui a un très bon papa et deux grands-mères formidables, donc ce n’est pas un obstacle.  Pour moi.                A la dite date, je le rappelle, histoire de m’amuser.  Aucune envie de m’ensabler le slip avec pépère, même si c’est Hollywood, mais ma curiosité me pousse. Sans scrupules, il me dit : « Mais si votre enfant tombe malade, vous êtes sa mère, vous devrez le rejoindre.  Non,  je cherche une femme plus jeune. » Pépère, dans dix ans, on lui changera sa couche, mais lui, il veut être accompagné par, donc vu avec, une femme plus jeune.  Je savais que ça existe, mais bon, j’ai 37 ans.  Le problème n’est pas physique, le problème c’est qu’à 37 ans, on sait mieux penser.  Tout simplement.  Et Monsieur, surtout, ne cherche pas un être pensant…..                Je nommerai mon crime, notre crime, le délit de maternité. Fallait pas.  Fallait pas faire d’enfant.  Vous sentez cette chose curieuse flotter dans l’air depuis que vous êtes mère, un peu de piment dans l’air, venant aussi bien des hommes que des femmes, un piment de revanche… T’as voulu être mère, c’est comme ça, maintenant tu vas payer. En fait, ce serait mieux si on était tous orphelins comme ça on n’aurait jamais besoin de s’occuper de quiconque. On ne serait le problème de personne ; personne n’aurait de problème.  Simple, net, clean. Malheureusement, on a des liens. Et bien évidemment, je suis au chevet de ma mère à l’hôpital, au chevet de mon mari, au chevet de mon enfant quand ils ont besoin de moi, et que c’est possible.  Par choix. Pas à cause de mon sexe, à cause de mes liens. C’est mon amour qui dicte. Monsieur, alors, n’a pas d’amour… Je n’ai pas hâte de voir son film.  Tout acte de création requiert de l’amour et quand y’a pas d’amour, et que du narcissisme, on s’emmerde.  Je lui ai dit, à Monsieur, que papa s’occuperait de bébé pendant mon absence, avec l’aide des grands-mères.  Il ne m’a pas cru, ou bien il a pensé que c’était quand même ma place, que le père ne suffirait pas…                Pour vivre une vraie vie de femme en couple, il faut un ingrédient important : le bon homme.  Mesdames, si vous partagez votre vie avec un homme qui ne protège pas votre temps, votre droit de faire autre chose que de vous occuper de lui, de la maison, des enfants, de vous-même parfois, alors…. Je ne sais pas quoi vous dire, sauf que vous faites mal vos choix.  Car aimer, c’est aussi, si ce n’est surtout, protéger le temps de quelqu’un, protéger sa poésie, sa liberté, lui faire sentir ses ailes, la vaste étendue des possibles, soutenir ses élans.  Je n’ai rencontré qu’une française qui utilise le mot féminisme sans excuses : elle est sage-femme, elle a la légion d’honneur, et elle s’occupe de sa mère, ses enfants, son mari.  Elle est pleine d’amour, mais  elle repère absolument, sans équivoque, les moments, les gens qui font de la féminité, de la maternité (ou du choix de ne pas être mère) un crime.  Notre vie est truffée de tels instants, de telles personnes, de punitions.   Le mot féministe veut simplement dire « je fais des choix qui protègent et respectent mon essence ».   Est-ce si mal ?
 


 
 
posté le 14-05-2008 à 21:43:53

la fin de ma vie Gauloise - chronique d'une allumee

Je suis une femme normale ; je ne suis pas criminelle. Et pourtant, j’ai perdu la garde de mon fils pendant quatre mois, le temps d’une saison, l’automne de ma vie. On me l’a pris. J’ai cru le perdre à jamais, et voici comment.          

 Je suis allée aux Etats-Unis pour voir des amis. Un soir, lors d’un dîner, entre « amis » donc, j’allume une cigarette. J’allume des cigarettes. Pas toutes à la fois, les unes après les autres, comme on fait quand on fume. Plus loin, dans une chambre, fermée et aérée, l’enfant dort.  Tout est pour le mieux dans le meilleur des mondes.  Une des invitées est étonnée par le fait que je fume « alors que j’ai un enfant ».  Je lui explique que l’enfant vit dans un environnement sain, qu’on ne fume que dans la cuisine, généralement, et que toute exception faite se fait près d’une fenêtre. Première erreur.  Ne jamais se justifier auprès d’inconnus ; les laisser se tortiller dans la couche sale de leurs pensées grotesques. 

Elle essaie de me convaincre que je suis une mauvaise mère car toute bonne mère se sacrifie.  Ah bon ?  Savais pas.  Enfin…. Savais, mais dans le contexte, vois pas le rapport.  La soirée se termine ; je parviens à ne pas lui faire bouffer un sandwich aux phalanges car, bonne mère, je réserve mon apprentissage de la violence à des circonstances plus drôles.  Celle-là ne mérite pas mon coup de boule.  L’enfant et la mère rentrent.  Coucouche panier, on dort sur nos quatre oreilles.          

 Le lendemain, le téléphone sonne.  C’est le D.C.F.S, Department of Children and Family Services, l’équivalent américain de la D.A.S.S.  Au bout du fil, un robot femelle m’explique qu’on leur a signalé la veille que je fume en présence de mon enfant.  J’éclate de rire et fais quelques blagues du genre « oui, y’avait plus d’héro et mon mari avait fini toute la coke. »  Silence.  Aïe, mon ascendant Jean Yanne prend mal chez les Yankees.  J’explique que c’est une blague et demande si elle, de son côte, est en train de m’en faire une.  Pas du tout, c’est très sérieux ; quelqu’un passera à 11h30.  Sur ce, raccrochage du bigophone et a-ciao.  J

’appelle l’amie chez qui le dîner a eu lieu.  Ses bras lui en tombent, les miens aussi, ça fait beaucoup de bras parterre…. Elle vient chez moi pour aider, au cas où… A 11h30, la robote du téléphone arrive.  Je la laisse entrer.  Avant même de me saluer, elle renifle l’air, mais ne sent rien, sûrement pas la cigarette.  Elle marche directement vers la cuisine et constate la présence d’un cendrier où gisent trois cadavres de Gauloises comme des vieilles dames sur un banc au soleil, et une quatrième, qui fume encore.  Mon amie essaie de dire que c’est elle, mais elle vient d’arriver et le fait qu’elle porte encore son manteau et son sac trahit son mensonge.  Tout le monde s’assoit ; on me demande d’éteindre la quatrième. J’ai envie de dire : « t’es gentille, mais chui quand même chez moi », sauf que je ne suis pas chez moi, et qu’elle n’est pas gentille.  La preuve, elle m’a fait enlever mon enfant pendant quatre mois, le temps que la justice française intervienne (un avocat nommée Nicolas a volé à mon secours) et que je récupère la gare de ma chair, mon sang.Voilà. 

C’était en 2011.  C’était dans trois ans, lorsque toute humanité aura été méthodiquement éradiquée, lorsque nous aurons perdu absolument et irrémédiablement le sens des proportions, lorsque « sens commun » ne voudra plus rien dire et sera relégué au statut de souvenir lointain, comme «amour courtois » aujourd’hui, lorsque les critères de jugement pour décider de la valeur d’une personne ne seront plus éthiques ou moraux mais cliniques et factuels, lorsque, enfin, nous nous serons habituées à mener les mauvais combats contre les mauvais fautifs pour défendre les mauvaises victimes et les mauvaises causes. 

Lentement, doucement, pas à pas, nous faisons erreur. 

 


 
 
posté le 14-05-2008 à 21:33:23

Narcisse chez Asterix

Je tombe de haut.

 

Les hauteurs, la chute, le divin, les mirages.  Je veux cette phrase en épitaphe, je la veux sur ma tombe, histoire que ma mort fasse sourire les passants.  Je voudrais aussi, pendant que j’y suis, je voudrais aussi que ma tombe ait la forme d’un comptoir zinc.  Qu’on vienne s’accouder sur moi pour bavarder, me dire.  Après tout, je serai muette, muette comme une tombe. 


 Ma génération, elle est bavarde.  Ma génération, je la déteste.  Aucun gout de l’extrême.  Pas de Jeanne d’Arc, pas de Mata Hari.  Que des banales. « Et pour Mademoiselle, ce sera ?", "Un kilo de banales, s’il vous plait, merci ».  Ce serait plus simple si les banales s’habillaient en jaune, on pourrait les repérer plus facilement, naviguer entre celles qu’on surnommerait « les vagues ».  Vagues dans l’âme, vagues dans la vie.  Ici, tout flotte.  On s’y perd dans cette mer, on s’y fond, fond, fond.  Tout glissait, comme sur une peau de… Oh, le vilain chagrin.


C’est ici qu’il pousse, le chagrin, c’est ici qu’elle pousse, la tristesse, dans ce pays à ronces, le terreau de Ronsard, les gros fiers à bras, narcisses de leur langues, les deux pieds dans la vase de leur héritage, leur hérisson, cette France.  Pas franche.  Des échanges en fils barbelés.  Chaque conversation ici, dans ce Paris si peu pascalien, est  un camp concentré, un lieu de mort, virages et pièges à chaque tournant ; une vie en apnée.  On se croit Don Juan, même quand on est Jean Yanne, car tout ce qu’il faut ici, pour plaire, c’est maitriser la langue.  Du rouler de pelles à citer La Fontaine, tous à genoux devant la grande donzelle : la langue française, Môsieur.  Ortho-graphie, ortho-pensée, la manière bonne, la bonne manière de lire, de séduire, de dire, mêmes les non-dits. Tout a une règle.  Rex, regis, le roi est mort, vive le roi.  Leroy Merlin, oui !

 

Bricolos Céline, apprentis Proust, les français se mordent la queue devant l’autel du Phallus, LA littérature.  Langue morte, langue vivante, groupies de fellation, la nation en dépit. 


 Ici on ne bande pas, sauf devant les miroirs. 


Et on se moque, ric rac, de la vie en toc outre-Atlantique, des barbies à la barbe-à-papa, on se moque du rose yankee, des grosses lunettes que portent les gros, heureux d’être plein de cette chose, inimaginable en France : la liberté.  Faut être con, quand même.  Faut être américain. 


 Le français rêve de se faire enlever une cote pour pouvoir se la faire tout seul, sa pipipe à son pépère.  Comme ça, il serait vraiment pénard, le français, entre ses Pléiades et son Cotes du Rhône (un épagneul dort devant le feu, sur la peau de bête, peut-être ?).  Seul, mais pénard.  Avec près de lui, juste à longueur de bras, cette chose précieuse, magnétique et castratrice, son héritage.  Une main sur ses boules, l’autre sur Balzac et que ça danse !  Le terreau de la France, celui-là même qu’on jette sur leurs cercueils d’emprisonnés quand sonne le glas. 


Ernest, Ernest, take me home ! 



 


Commentaires

 

1. calie  le 14-05-2008 à 19:37:46  (site)

oh, je n'ai pas le courage de tout lire....bonne continuation
Hey

 
 
 
 

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